CGT : Les enjeux du 53e congrès, sous les auspices de la division.

Le 53e congrès de la CGT se tiendra du 27 au 31 mars 2023 à Clermont-Ferrand. Fait inimaginable pendant longtemps, deux textes d’orientations sont en débat et deux personnes ont fait acte de candidature au poste de secrétaire général confédéral. Nous allons tenter de comprendre les logiques en cours au sein de la confédération. Puis nous expliquerons le positionnement de nos militantes et militants au sein de la CGT.

Il faut tout d’abord resituer le mandat de Martinez. Celui-ci a été élu secrétaire général à la suite de Thierry Lepaon, ce dernier ayant été poussé à la démission après la révélation dans la presse de la rénovation de son appartement au frais de la confédération. Il succédait à Bernard Thibaut, leader cheminot issu des grèves victorieuses de 1995. Thibaut incarnait le tournant réformiste démarré par Louis Viannet : ligne du syndicalisme rassemblé, c’est-à-dire une alliance privilégiée avec la CFDT, intégration acritique de la CGT dans la Confédération Européenne des Syndicats (CES), image « respectable » de la CGT, accord Medef-CGT-CFDT de 2008 sur la représentativité syndicale…

Personne ne peut contester que Martinez a impulsé une ligne plus combative, qui va dans le bon sens même si de nombreux problèmes restent en suspens. Ainsi, il martèle à qui veut l’entendre qu’il est plus important d’aller vers les adhérentes et les adhérents et plus généralement vers les travailleuses et les travailleurs, de parler de ce qui les intéresse, notamment leur feuille de paye, plutôt que de se laisser noyer dans les Instances Représentatives du Personnel (IRP) et de discuter sans rapport de force avec les patrons.

Martinez : une ligne plus combative qu’avant…

Sous sa direction, la CGT a bataillé contre la loi Travail, en alliance avec la FSU, Solidaires et FO, y compris par des actions de blocage et des grèves reconductibles. Le congrès de Dijon, en 2019, a abandonné la notion de syndicalisme rassemblé, et si le document d’orientation du 53e congrès parle d’unification syndicale, il met l’accent sur l’alliance avec la FSU, voire Solidaires : « C’est donc bien une unification que nous visons. Elle nécessite un travail commun avec les organisations syndicales qui souhaitent en finir avec l’éparpillement syndical. Les échanges réguliers et déjà anciens entre la CGT et la FSU forment un socle solide pour avancer. Solidaires est aussi engagé dans cette réflexion unificatrice. »

Sous son impulsion, aussi, la CGT s’est engagée dans le collectif Plus jamais ça, composé d’organisations syndicales, d’associations et d’ONG qui se sont rassemblées autour d’un appel pour la justice sociale et le climat. La CGT y est représentée par Marie Buisson. Les syndicalistes communistes libertaires se félicitent de cette participation, dans la mesure où ça ne devient pas l’axe central de la stratégie de la CGT, ce qui est bien le cas.

L’alliance avec des associations, notamment écologistes, a permis de contredire l’argumentaire patronal concernant l’impact environnemental ou l’inutilité de certaines industries, en proposant des plans de reconversion industrielle construit entre les syndicats CGT de plusieurs entreprises et des associations. On pense ici à la papeterie de Chapelle Darblay, dont la reconversion a permis de maintenir l’emploi, à la raffinerie de Grandpuits, qui s’est malheureusement achevé par une défaite, ou encore à la Coop de masques en Bretagne. On est bien loin donc de la description qu’en font les syndicats qui contestent la participation à Plus jamais ça.

Pour ces derniers il s’agirait d’un premier pas vers une fusion organisationnelle, dont la remise en cause des industries polluantes serait un axe central. Un de leurs arguments est de dire que la CGT doit revendiquer le maintien de l’emploi coûte que coûte, ce qui pose de véritables problèmes. Le rôle de la CGT est évidemment de se battre pour que les travailleuses et les travailleurs ne soient pas jetés au chômage, ni ne voient détruire leurs conditions de vie, mais pas uniquement. En effet prétendre rompre avec le capitalisme ne signifie certainement pas se battre pour le maintien des structures actuelles de l’économie capitaliste.

L’utilité sociale de chaque industrie doit être questionnée. Il en est ainsi par exemple de l’industrie du nucléaire, des phytosanitaires, de l’armement, des forces de répression… Le combat syndical passe par la défense de l’emploi, mais cela peut se conjuguer avec l’exigence de reconversion de certains emplois. Pour prendre un exemple récent, les syndicalistes communistes libertaires ont soutenu la grève des contrôleurs et contrôleuse SNCF de Noël 2022, ce qui ne les empêche pas de revendiquer la gratuité des transports et donc la fin de leurs emplois, tout en exigeant leur reconversion au sein de la SNCF.

… mais de nombreux problèmes en suspens

Il est régulièrement reproché à Martinez son caractère autoritaire. Il y a sans doute une part de querelles d’égos difficiles à démêler. Mais il y a aussi un fond politique : toute adhérente et tout adhérent a pu constater que certaines décisions importantes ont été prises sans validation collective, notamment la participation à Plus jamais ça. Il en a été de même concernant la désignation de Marie Buisson comme future secrétaire générale. Ces décisions ont été validées a posteriori, mais cette méthode pose de vrais problèmes de démocratie.

D’autre part, les conflits internes se sont multipliés pendant le mandat de Martinez, avec des prises de position de celui-ci parfois hasardeuse. On pense ici en particulier au soutien affiché à la Fédération des services publics et au syndicat parisien du nettoiement dans son conflit avec le syndicat de la petite enfance. Ce conflit s’est soldé par le départ 1000 militantes et militants, qui ont pour l’essentiel rejoint la FSU… et par la perte de 1000 voix de la CGT au profit de la FSU aux élections professionnelles de 2022. On pense aussi à l’exclusion du syndicat CGT historique, et combatif, de PSA par la fédération de la métallurgie, celle de Martinez donc, avec un silence assourdissant de celui-ci dans cette affaire.

Plus généralement, quelles que soient les conceptions politiques et syndicales d’un ou d’une secrétaire générale, il y a forcément une inertie dans les structures et tout ne change pas du jour au lendemain. Ainsi, la confédération reste prisonnière de problèmes qui s’amplifient depuis des années : bureaucratisation croissante, représentantes et représentants syndicaux de plus en plus coupés du terrain, dépolitisation générale, incapacité à être force de propositions dans les mobilisations spontanées… nous y reviendrons.

Deux candidatures au prochain congrès confédéral

C’est dans ce contexte qu’un alliage hétéroclite de fédérations s’est regroupé pour s’opposer à la candidature de Marie Buisson au poste de secrétaire générale. Cet alliage a été impulsé par les fédérations et les Unions Départementale (UD) se réclamant de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM). Depuis que le courant pro-FSM a enflé au sein de la CGT, la nature de la FSM a été bien documentée et nous n’y reviendrons pas en détail.

Rappelons simplement que cette internationale syndicale est sous domination stalinienne, avec des syndicats d’État (Syrie, Corée du Nord, le syndicat chinois est en observateur) coexistant avec des syndicats combatifs plus ou moins sous domination stalinienne (RMT anglais, Cosatu sud africain, Lab basque, Disk turc etc.). Une illustration : Mateu se promenait en tête de cortège CGT le 1er mai 2020 avec un drapeau géant aux couleurs de l’URSS. La FSM est « campiste » : elle tire à boulets rouges sur l’impérialisme américain et européen, mais ne dit rien des impérialismes chinois ou russes. Elle est par ailleurs bien plus minoritaire que la CSI (confédération syndicale internationale, réformiste).

Pour les syndicalistes communistes libertaires, FSM et CSI, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. A titre d’exemple, le secrétaire général de la CSI est inculpé pour avoir touché de l’argent du Qatar dans le cadre du « Qatargate », tandis que la FSM saluait il y a peu « les mesures prises par le gouvernement Qatari pour l’abolition du système de parrainage (kafala) et la possibilité donnée aux travailleurs de changer de travail sans souffrir du risque de discrimination ou de sanction. En ce qui concerne l’égalité de genre, [le représentant de la FSM] a indiqué que la constitution Qatari maintenait la discrimination car les femmes étaient supposés prendre soin de leur famille conformément à la culture et aux traditions locales. »

L’enjeu est en premier lieu de reconstruire des liens internationaux réels entre les syndicats de chaque secteur professionnel, quelle que soit l’affiliation internationale de ceux-ci, pas de choisir entre une confédération réformiste et une stalinienne.

Revenons-en à la préparation du 53e congrès de la CGT. Les structure pro-FSM, fédérations de la Chimie, du Commerce, les UD 94, 13, 45, etc. se sont regroupées via le site Unité CGT. Elles ont sorti une première contribution au débat pour le 53e congrès. Ce texte est prévu pour servir de socle à un document d’orientation alternatif et en défense de la candidature d’Olivier Mateu, secrétaire de l’UD 13, contre celle de Marie Buisson. Ces structures ont depuis été rejoints par des fédérations qui ne se revendiquaient pas de la FSM, ou alors uniquement via certains de leurs syndicats, soit suite à des clash internes assez incompréhensibles, soit en étant motivé par la contestation de la participation à Plus jamais ça : Cheminots, Énergie, Services publics…

Ainsi, les lignes de fractures que dressent les pro-FSM entre la candidature de Mateu qu’ils soutiennent et la candidature de Buisson soutenue par la direction confédérale actuelle, sont les suivantes :
• refus de participation au collectif Plus jamais ça et plus globalement opposition à toute vision écologiste ;
• refus de la perspective de fusion avec la FSU et Solidaires ;
• affiliation à la FSM plutôt qu’à la CSI au plan international ;
• refus d’aborder les questions sociétales et en particulier féministes ;
• et plus généralement une posture soit-disant plus « révolutionnaires » et combatives.

Nous avons déjà dit ce que les syndicalistes communistes libertaires pensent des trois premiers points. Restent les deux suivants que nous allons maintenant aborder.

Un débat pipé entre pseudo-modernité et nostalgie d’un passé révolu

Disons tout d’abord que combattre les discriminations de genre ou raciales est indispensable pour réaliser l’unité de notre classe. Chacun peut constater quotidiennement les fractures entretenues par la classe dominante pour monter les travailleurs et les travailleuses les uns et les unes contre les autres. Le refus d’aborder ces questions est une des raisons du déclin de la CGT depuis les années 70, et également une des raisons de la division syndicale puisque d’autres syndicats, notamment CFDT puis Solidaires, ont su les aborder à la place de la CGT. Cependant, sur ces sujets, le débat est pipé entre une pseudo modernité incarnée par Martinez et Buisson et la nostalgie d’un passé magnifié révolu incarné par Mateu.

La question du féminisme est ainsi très éclairante. La mise en place de cellules de veille contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans plusieurs structures, le guide confédéral « combattre les VSS » ou l’appel à des débrayages à 15h40 dans certaines professions pour le 8 mars vont dans le bon sens. Ces orientations sont souvent combattues par les pro-FSM, qui ont des casseroles sur ces sujets : agression sexiste au sein de l’union syndicale de la ville de Paris, cas d’un responsable de l’UD 94 accusé de viols et actes de torture – aujourd’hui ses soutiens se gargarisent du classement sans suite de la plainte, ce qui dit simplement que la Justice estime ne pas pouvoir poursuivre. Mais en même temps on a aussi une belle perle de la Fédération de l’Éducation de la Recherche et de la Culture (FERC), dont Marie Buisson est l’actuelle secrétaire, avec un document sur l’éco-féminisme épousant complètement les thèses post-modernes et interclassistes, inutilisable syndicalement.

Ainsi, les lignes de clivage qui se dessinent pour le prochain congrès (collectif Plus jamais ça, hypothétique unification syndicale pas prête de se faire, syndicalisme international…) sont très éloignées des problématiques de terrain de la plupart des syndicalistes. Ce sont d’autres sujets qui reviennent régulièrement dans les discussions de nos militantes et militants avec des adhérents et adhérentes CGT et qui devraient être abordés en profondeur au congrès. Citons par exemple :
• Comment mobiliser les collègues ? Comment faire le pont entre leurs préoccupations immédiates et les attaques plus globales ?
• Comment construire la convergence des luttes, autrement qu’avec des journées d’action interprofessionnelles isolées ?
• Comment s’implanter dans les TPE-PME, dans lesquelles travaillent la majorité des ouvriers et ouvrières aujourd’hui ?
• Comment et pourquoi faire vivre l’interpro, Unions Départementales (UD) et Unions Locales (UL) ? N’est-ce pas en particulier pour leur capacité à s’adresser à l’ensemble du salariat du Privé (PME, TPE, précaires…) et à la Jeunesse, et à structurer un lien entre les différents statuts du salariat ? N’est-il pas indispensable que les syndicats professionnels participent à l’interpro pour acquérir une réelle compréhension de la place du travail dans la société ?
• Quel rapport aux organisations politiques ?

Bien entendu, aucune de ces questions n’a de réponse simple. Mais plutôt que de s’empailler sur des sujets qui intéressent peu de monde, mieux vaudrait tenter de pousser le consensus le plus loin possible sur ces questions, et d’acter proprement les points de désaccord. Nous constatons que sur bon nombre de ces questions, la direction actuelle comme les pro-FSM soit sont d’accord, soit n’ont pas de propositions claires.

Un même rapport aux mouvements spontanés de travailleuses et des travailleurs

Concernant l’organisation des luttes, les pro-FSM restent sur une vision léniniste somme toute très classique : tout se résume à un problème de direction et de revendications. Il suffirait d’appuyer sur des boutons pour mettre en mouvement les travailleurs et les travailleuses. Citons par exemple leur projet de document d’orientation alternatif pour le congrès confédéral : « Une stratégie possible pourrait être : lundi pas de bateau, mardi pas de train, mercredi pas de camion, jeudi tous ensemble en grève et dans la rue, vendredi pas de plateforme logistique, etc. Ceci combiné avec des grèves reconductibles de 1h à 24h par jour, dans un certain nombre de secteurs structurants comme le raffinage de pétrole, la production d’énergie, la sidérurgie, la collecte des déchets, etc. »

Une telle stratégie n’est envisageable que dans les grandes entreprises avec une capacité de blocage importante et où la CGT est bien implantée, autant dire les boites où travaillent une petite minorité de la classe ouvrière. En 50 ans, la classe ouvrière a été atomisée, les grands bastions ont été déstructurés à coups de délocalisations et de sous-traitance. Aujourd’hui, plus de la moitié des ouvrières et ouvriers travaillent dans des boites de moins de 50. Ce constat concerne également, dans une moindre mesure, les employés, hommes et femmes.

Cette atomisation et désorganisation donnent lieu à des mouvements spontanés, hors des cadres syndicaux traditionnels, y compris parfois dans les grandes entreprises. Les syndicats doivent choisir d’accompagner ou d’ignorer ces mouvements. On pense ici par exemple aux Gilets jaunes, mais aussi au Collectif inter-urgences ou à la grève des contrôleurs pendant Noël 2022. La question du rapport à ces mouvements est donc crucial pour l’avenir du syndicalisme. Force est de constater que les syndicats CGT ne sont en général pas aux rendez-vous pour ces mobilisations, et cela quel que soit le courant qui les animent. Les pro-FSM comme la direction actuelle restent sur un schéma très dirigiste.

On trouve ainsi sur le sujet dans le document d’orientation de la direction confédérale un passage très ambigu : « Nous constatons ces dernières années des formes de structurations faussement spontanées lors de conflits à l’échelle d’un territoire ou d’un site. Ce type de collectif ne permet ni le respect de la démocratie syndicale ni le respect de la démocratie ouvrière. Quasi systématiquement animés par des militante.s dont la stratégie d’entrisme est à peine voilée, ces collectifs visent à orienter des mobilisations en dépossédant les travailleur.euse.s de leur propre lutte. »

Plus globalement, les pro-FSM comme la direction actuelle disent très peu de choses sur la conduite des grèves. Les assemblées générales de travailleurs et de travailleuses sont-elles de simples lieux d’information ? De validation de la ligne syndicale ? Ou ont-elles vocation à diriger la grève, via des comités de grèves élus ? La pratique de la grande majorité des syndicats CGT nous donne malheureusement la réponse…

Nous trouvons également plus de points communs que de divergences sur le rapport aux organisations politiques. Le document d’orientation de la direction reconduit la ligne actuelle, qu’on peut résumer par « indépendants mais pas indifférents ». Autant dire une orientation « au doigt mouillé » sans projet stratégique, avec toutefois la perspective d’évolution législatives : « Il serait irréaliste et inefficace que la CGT ne cherche pas à converger sur des revendications et des initiatives communes, avec des forces qui sur le plan politique sont imprégnées de la volonté de s’opposer au pouvoir du capitalisme, des monopoles et qui, dans le cas des partis politiques, seraient promptes à légiférer sur des lois de progrès social. »

Les pro-FSM, quand à eux, pointent à juste titre l’absence de projet de la CGT, qu’ils datent de l’abandon du projet de socialisation des moyens de production dans les Statuts. Ils se réfèrent à la Charte d’Amiens pour rappeler la « double besogne » syndicale, et répètent à qui veut l’entendre que eux sont « révolutionnaires » alors que la direction est « réformiste », se référant au clivage entre la CGTU et la CGT dans l’entre-deux guerres et envisageant une scission sur ces bases. Rappelons tout d’abord que lors de la scission de 1921, il y avait effectivement une révolution prolétarienne en cours en Russie, et que la question du soutien ou non à cette révolution était une question centrale dans le mouvement ouvrier européen. La situation est quelque peu différente aujourd’hui…

Mais sur le fond, les pro-FSM ne proposent pas des relations aux organisations politiques qui soient très différentes de ce que propose la direction actuelle. Ainsi leur contribution au débat dit : « Notre indépendance politique vis-à-vis des autres organisations de type partis politiques ou associations ne signifie en rien l’isolement. Notre projet étant éminemment politique, notre démarche s’inscrit d’emblée avec les forces, en dehors de la CGT, résolues à un changement de système autre que celui de l’exploitation de l’homme par l’homme. » C’est en gros la même notion que la direction actuelle, en insistant plus sur le côté anti-capitaliste et moins sur le côté parlementaire.

Les pro-FSM sont en réalité en pleine contradiction du fait de l’absence de parti révolutionnaire qui les mette tous d’accord. Ils se raccrochent donc à une vision fantasmée de ce qu’a pu être l’URSS voire des régimes cubains ou syriens, mais n’ont pas de réelle proposition sur la façon dont les travailleuses et les travailleurs pourraient se saisir de l’appareil de production. Ils ont cependant pour mérite de pousser la réflexion, par exemple au sein de la Fédération Nationale des Industries Chimiques (FNIC), sur ces questions. Pour prolonger ce débat, il est possible de consulter l’article écrit par l’un d’entre nous « Industrie pharmaceutique : comment on peut la socialiser ».

La priorité : la lutte contre la réforme des retraites

La mobilisation à venir sur les retraites va être déterminante pour le 53e congrès. Comme en 2003, 2010, 2019, il y a un enjeu à ce que les travailleuses et les travailleurs comprennent que la grève par procuration, qui a permis de gagner en 1995, a servi de leçon aux capitalistes et à leurs larbins et ne suffira pas à gagner cette fois. Il faut que toutes et tous se lancent ensemble dans la bataille. La grève ne peut pas rester cantonnée aux secteurs bloquants de l’économie.

Cela implique une conjugaison entre des grèves reconductibles dans certains secteurs, des grèves et manifestations sur certaines journées de convergence, et des actions de blocage organisées par les interpros, comme lors de la lutte contre la loi Travail en 2016. Sur le terrain, il faut proposer une stratégie qui ait du sens : ne pas tomber dans la grève par procuration ou dans les incantations à la grève générale.

Il faut s’organiser pour faire le tour de ses collègues ; ajuster son argumentation ; constituer des groupes de travailleuses et de travailleurs motivés pour construire la mobilisation ; construire des convergences qui aient du sens avec les entreprises voisines ; proposer des actions pour que le temps libéré par la grève soit pleinement utilisé…

C’est de la lutte actuelle qu’émergeront de futurs responsables syndicaux et il faut y penser dès maintenant. En conséquence, le moment n’est pas venu de monopoliser les réunions syndicales par des débats hors-sol sur le dernier congrès. Certes il faut en parler, mais la solution aux difficultés rencontrées par la CGT et le mouvement ouvrier en général, c’est dans la lutte qu’on la trouvera, pas au 53e congrès !