Politique : De quoi la NUPES est-elle le nom ?

Politique : De quoi la NUPES est-elle le nom ?

La NUPES – Nouvelle Union populaire écologique et sociale – est donc née. Mélenchon a réussi à rassembler autour de lui la gauche réformiste, contrainte par son succès au 1er tour des Présidentielles et la demande de rassemblement d’une majorité d’électeurs de gauche. Il nous faut maintenant anticiper les conséquences de cette nouvelle donne politique qui pèsera sur les rapports de force politique et aussi sur le combat social. Dans un article publié en avril dans Le Monde Diplomatique, l’économiste Frédéric Lordon affirmait : « Une élection redevient intéressante si elle crée une situation ». Incontestablement la NUPES a créé une situation. De celle-ci pourrait naître quelque chose … si et seulement si le mouvement social s’en empare en toute autonomie.

Macron a gagné la présidentielle. Certes seules 20 % des inscrites et des inscrits ont manifesté leur adhésion à son programme en votant pour lui au premier tour. Cela ne l’empêche pas de disposer du pouvoir immense prévu par la constitution. Il lui faut maintenant gagner les législatives pour mener sa politique rejetée par la grande majorité de la population. Et contre toute logique rationnelle sa victoire semble possible.

Si nous ne souhaitons pas que les législatives donnent une majorité parlementaire à Macron, et encore plus si nous craignons l’hypothèse d’un gouvernement liant les Macronistes et une droite radicalisée, alors quelle alternative existe face à cela ?

Gloire et décadence des alliances électorales.

L’accord électoral entre La France Insoumise, le PCF, le PS et EELV a entériné le leadership de Mélenchon sur la gauche française. Cette alliance est fondée sur les résultats du premier tour de la présidentielle, où le candidat Mélenchon a écrasé ses concurrents. Il faut dire qu’une grande partie du score de l’Union Populaire a été le résultat du vote utile d’un électorat de gauche. Un électorat qui ne se résolvait pas à un tête à tête Macron-Le Pen au second tour. Cependant, à cause des divisions de la gauche dans l’arène électorale, cette dernière ne pèse plus que 30% des votantes et des votants. Aujourd’hui, la NUPES est sans doute la seule hypothèse pour qu’un gouvernement de coalition « des gauches » puisse sortir des législatives. Quelles que soient les critiques légitimes que nous pouvons d’ores et déjà exprimer face à ce mariage de la carpe et du lapin, nous ne pouvons ignorer cette réalité.

Cette nouvelle coalition des gauches de gouvernement deviendra-telle majoritaire à l’assemblée ? Sera-t-elle capable d’incarner ce que revendique son leader, c’est à dire le refus de l’option centriste et l’affirmation que les demi-mesures ne résolvent rien ? Mélenchon, aiguillonné par une montée des luttes, aura-t-il la volonté et la capacité de faire passer son programme et à enclencher un nouveau cycle politique modifiant le rapport des forces entre le capital et le travail ? Ou au contraire, face aux capacités de nuisance et à la brutalité des forces au service de la bourgeoise capitulera-t-il ?

Nous ne doutons pas, par contre, de la volonté de la base de la NUPES de changer la donne et c’est donc aussi avec elle qu’il faudra agir et en particulier avec celles et ceux qui militent au quotidien dans les syndicats et les associations de lutte. Il sera toutefois nécessaire de combattre toute forme de volonté hégémonique, visant à transformer le mouvement social en courroie de transmission, ce qui le neutraliserait, voire ce qui l’emporterait dans le sillon d’un éventuel échec de gouvernement NUPES.

Que se crée une situation alimentant une révolte sociale massive !

Nous savons, qu’en l’absence de mobilisations sociales massives pour faire tenir le programme mélenchoniste, pour la retraite à 60 ans, pour l’augmentation des salaires, contre les discriminations et la crise écologique, peu pourra se faire. Et qu’un échec politique – en cas de victoire de la NUPES aux législatives – paverait la voie du pouvoir aux ambitions fascistes des Le Pen et consorts.

Au final, quelque soit le résultat des législatives, la clé du futur se trouvera dans les mobilisations sociales. Rappelons-nous toutes ces victoires électorales de la gauche qui ont tourné court. La soumission de la gauche de gouvernement à la loi du marché a été à chaque fois le résultat de son impuissance à engager et assumer la confrontation avec les classes possédantes. Rappelons-nous Blair au Royaume-Uni, Schröder en Allemagne, Tsipras en Grèce, Jospin ou Hollande en France. Ou même Mitterrand en 1981, avec les syndicats attentistes, ne voulant pas gêner « les camarades au gouvernement ». Au delà de réformes sociétales – qu’une partie de la droite est capable de porter – ce fût le blocage des salaires et l’insertion de l’économie française dans la mondialisation capitaliste, avec son cortège de délocalisations, de montée du chômage et de la précarité.

Pour conclure nous citerons encore Frédéric Lordon : « Le plus pernicieux, en tout cas, dans ce qu’il faut appeler la croyance électorale tient au fait, non seulement de ne pas apercevoir la mutilation politique en quoi consiste l’élection, mais de nous faire incorporer son habitus [NDLR : manière d’être, disposition d’esprit] de la dépossession et de la passivité au point de considérer que l’action cesse après le second tour – alors qu’elle devrait y commencer ».

Une victoire du macronisme porterait un coup au moral du « peuple de gauche » et à la capacité du mouvement social à se mobiliser. Si une victoire des gauches serait porteuse d’espoir, elle ne garantirait pourtant strictement rien. Faisons en sorte que l’espoir qu’a su capter la NUPES enclenche un vaste mouvement de révolte contre la misère, les inégalités, les discriminations, le pillage par les capitalistes des richesses créées par le travail de toutes et tous et le saccage de la planète.