
Fascisation des droites en France
L’arrivée de l’extrême-droite en France, si elle se produit, ne sera pas seulement le résultat des manœuvres des organisations de la galaxie de l’extrême-droite proprement dite. Aujourd’hui, au moins deux processus supplémentaires sont à l’œuvre : le financement du fascisme par des fractions de plus en plus larges de la grande bourgeoisie, et la fascisation des organisations de la droite classique et du macronisme, qui gouvernent déjà, de fait, en alliance tacite avec le RN et qui de plus mettent en œuvre des éléments importants du programme de l’extrême-droite. Quant à la gauche, ses organisations continuent de multiplier les pratiques sectaires, de prioriser le combat pour être l’organisation hégémonique, tout cela au sein d’un entre-soi militant qui ne peut que la marginaliser.
Pour celles et ceux qui ont vécu les débuts du gaullisme, la droite républicaine était vécue comme immunisée de toute accointance avec la « bête immonde », avec le fascisme, son racisme, ses horreurs et ses crimes contre l’humanité. Le gaullisme, né dans la résistance au nazisme, semblait sur ce point inattaquable. On pouvait dénoncer quelques faits à la marge, tels le recyclage de Maurice Papon, ultérieurement condamné pour complicité de crimes contre l’humanité pour son rôle dans la déportation de près de 1 500 juifs entre 1942 et 1944, ainsi que pour sa responsabilité dans la répression violente des manifestants algériens en 1961. Mais pour l’essentiel, c’est ce qui transparaissait.
La situation a manifestement changée. Parmi les enjeux politiques majeurs auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, il y a la possible arrivée de l’extrême-droite au pouvoir. Le processus se déroule sous nos yeux. Nous pouvons voir un gouvernement de « droite classique » qui déjà gouverne avec le soutien implicite du Rassemblement National. Mais le processus est bien plus profond que cela. C’est ce que nous allons tenter de mettre en évidence ici.
Nous allons commencer par revenir sur l’instrumentalisation de faits divers par la galaxie réactionnaire et raciste qui, aujourd’hui, tient le haut du pavé au sein du monde politique et médiatique. Prenons l’exemple du meurtre de Thomas Perotto, tué le 19 novembre 2023 d’un coup de couteau en plein cœur pendant un bal à Crépol, village situé dans le département de la Drôme.
Voici les faits : selon les informations diffusées par la Gendarmerie et la Justice, l’enquête réalisée montre que rien n’était prémédité et qu’aucun jeune n’a forcé l’entrée du bal. Selon plusieurs témoins, une bagarre a commencé à l’intérieur de la salle. Thomas, un jeune de Crépol, tire alors les cheveux d’un jeune de Romans-sur-Isère, avant qu’ils n’aillent tous les deux se battre à l’extérieur. L’enquête a montré que des « deux côtés » les insultes ont fusées : insultes contre « les blancs » ou contre « les Arabes », « les racailles ». La situation dégénère, faisant un mort et plusieurs blessés graves. Il ne s’agit évidemment pas de relativiser la gravité des faits, n’y de nous substituer à la Justice dans ce dossier. Nous voulons simplement, ici, analyser l’instrumentalisation d’un drame, au service de la fascisation de la société française.
Le fascisme se construit sur le mensonge au service de la peur !
Les journalistes Marc Leplongeon, Jean-Michel Décugis et l’écrivaine Pauline Guéna ont coécrit un livre Une nuit en France. Ils et elle y décortiquent les évènements qui ont abouti au meurtre de Thomas Perotto. Les auteurs reviennent minute par minute sur ce drame et autopsient les mensonges d’abord des politiques, suivis par les éditorialistes de Bolloré.
La députée du Rassemblement national (RN) Lisette Pollet a ouvert la voie en évoquant « une bande de racailles ». Puis la maire de Crépol, Martine Lagut « marquée à droite » selon France Info, a évoqué « une bande qui est venue tuer des gens » et parlé « d’animaux sauvages ». Marie-Hélène Thoraval, la maire divers droite de Romans-sur-Isère est allé plus loin encore : « On a, dans ce milieu-là, une haine du Français, qui vient de l’emprise grandissante des religions. Une haine du pays d’accueil et de la République tout entière ».
Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin va ensuite continuer dans le même sens en affirmant : « Il y a eu une fête de village et des gens qui viennent d’ailleurs de ce village ont voulu forcer l’entrée de cette fête, et des coups de couteau sont partis. Donc ça s’appelle l’ensauvagement ». La même analyse, gratuite et sans aucun fondement, est donc partagée par toutes les variantes des droites. Elle traduit tragiquement le poids qu’a pris le racisme dans le monde politique.
Immédiatement, sans disposer d’aucun élément factuel, les médias de Bolloré, CNews, Europe 1 et Le Journal du dimanche en tête, en rajoutent en affirmant qu’il s’agit d’un crime raciste. Un groupe de jeunes d’une cité voisine aurait attaqué le bal, armés de couteaux, pour « tuer des Blancs ». Le chroniqueur Mathieu Bock-Côté, chroniqueur dans Valeurs actuelles, CNews et Europe 1 en a rajouté en osant dire publiquement « Les voyous, les bandes de voyous, vont entrer dans les maisons. D’ici cinq à dix ans, plus personne ne sera à l’abri. Même derrière une porte fermée à clef ».
Le 25 mars 2025 Médiapart écrivait : « Mentir, Mentir, tordre les faits et diffamer : tel est le triptyque de la galaxie Bolloré dans le traitement de l’affaire Crépol. En novembre 2023, comme aujourd’hui, les médias de ce groupe enchaînent les mensonges pour faire de ce drame l’illustration de leur idéologie ».
Ainsi son site internet Médiapart a analysé, documents à l’appui, comment CNews mentait sciemment à ses téléspectateurs et téléspectatrices. Alors que la chaîne savait en interne qu’elle ne pouvait pas tirer ces conclusions, ses éditorialistes ignoraient toutes les alertes de leur propre équipe pour désinformer à l’antenne. Il reprend les mots d’un ancien journaliste de CNews : « Vincent Bolloré n’en a rien à foutre des faits, il est là pour faire de l’idéologie ».
Non seulement ils déforment les faits. Mais ils n’hésitent pas à calomnier celles et ceux qui osent contester leurs mensonges. La parution du livre Une nuit en France a provoqué la fureur de Pascal Praud, éditorialiste à CNews. Insultes envers les auteurs qui seraient « des enquêteurs en carton ». « Ces gens sont une honte », s’exclame-t-il ! Le chroniqueur Éric Naulleau, le comparse de Zemmour, a même incité son employeur à porter plainte contre les auteurs, qui auraient accusé à tort la chaîne. Faut-il rajouter qu’après ces diatribes, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a, sur CNews, repris à son compte l’existence d’un racisme anti-Blancs en France ?
Évidemment une telle dénonciation publique a des conséquences : Les auteurs du livre ont été menacés de mort et annoncent porter plainte. « Depuis plusieurs jours, les auteurs, le livre et l’éditeur sont calomniés par certains médias, harcelés par nombre de sites ou réseaux sociaux qui véhiculent mensonges et contre-vérités sans même avoir lu l’ouvrage », a réagi la maison d’édition Grasset dans un communiqué publié le 21 mars. Comment réagiraient les politiques et les médias Bolloré, si un excité décidait de passer à l’acte et de tuer un des auteurs du livre Une nuit en France ?
Le fascisme se construit aussi sur les atteintes aux droits des personnes dans la législation
Mais les dérives médiatiques ne sont pas les seules à mettre en cause. Les politiques, par opportunisme ou pour une autre raison, multiplient les initiatives politiques qui reprennent cette même logique de criminalisation de pans entiers des classes sociales populaires. Là encore nous allons prendre un exemple pour démontrer nos propos : Celui de la loi en cours de discussion parlementaire et qui concerne la justice des mineurs.
La justice des mineurs en France a été codifiée, après la victoire sur le nazisme, par l’ordonnance du 2 février 1945. Elle affirmait clairement la primauté de l’éducatif sur le répressif face à l’enfance délinquante. Depuis la montée de l’extrême-droite cette logique est de plus en plus remise en cause.
Le nouveau Code de la justice pénale des mineurs – résultant des nombreuses « réformes » qui se sont succédé – prévoit que la justice passe en deux temps : une première audience tranche la culpabilité dans un délai de dix jours à trois mois ; une seconde fixe la sanction, à l’issue d’une « mise à l’épreuve éducative » de six à neuf mois, durant laquelle les éducateurs et éducatrices de la Protection Judiciaire de la Jeunesse sont chargées d’évaluer en particulier la famille et les besoins du jeune, pour adapter au mieux la réponse pénale. Mais une « audience unique », dans certains cas, permet déjà une condamnation au bout de dix jours seulement. Et en 2023, ce processus concernait déjà 46 % des condamnations de mineurs.
La nouvelle loi, portée par Gabriel Attal – qui préside le groupe macroniste -, est en cours d’élaboration sur ce sujet. Explicitement Gabriel Attal a affirmé que ce texte était une réponse au mouvement de la jeunesse des banlieues qui s’est développé après la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre.
Comparution immédiate pour les mineurs de 16 ans, sanction des parents, dérogations à l’excuse de minorité, ce projet de loi est soutenu par le gouvernement Bayrou et le Rassemblement national. Elle a été adoptée le jeudi 13 février à l’Assemblée Nationale. La gauche dans toutes ses composantes a dénoncé un texte qui « court après l’extrême droite ». Le député écologiste de Paris, Pouria Amirshahi, a pointé un texte qui « traduit la bascule triste de notre époque, celle par laquelle la répression devient le seul horizon d’un pouvoir en mal de solution de fond », alors qu’est préparée la suppression de 500 postes à la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Dans cette course à l’échalote pour être celui qui reprend le plus le programme de l’extrême-droite, le Sénat a adopté ce projet de loi le 25 mars, en le durcissant encore, visant à créer un « choc carcéral ». En éclaireur d’une répression tous azimuts, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, avait sonné le rappel des troupes, plaidant le durcissement de la réponse pénale face à l’« ensauvagement » des mineurs.
Le texte initial prévoyait d’appliquer à des adolescents de 16 et 17 ans la procédure de comparution immédiate. Cette procédure expéditive et peu respectueuse des droits de la défense permet d’infliger rapidement des peines de prison. La majorité sénatoriale l’a rendue possible dès 15 ans, en ajoutant un assouplissement des conditions pour mettre en œuvre une telle procédure. Certes, l’enfant pourra toujours s’opposer à sa comparution immédiate. Mais le texte prévoit qu’il puisse être placé alors en détention provisoire.
D’autres dispositions ont été adoptées comme des peines de prisons de 15 jours à un mois, ou des dispositions facilitant l’abandon du principe d’atténuation de la responsabilité des mineurs. Toutes ces nouvelles mesures visent à obtenir l’incarcération d’un grand nombre de mineurs des classes sociales populaires. Pourtant, selon le Garde des sceaux, Gérald Darmanin, les seules statistiques disponibles datent de 2011 et montrent que 75 % des mineurs incarcérés récidivent.
Difficile de dire aujourd’hui quelles seront les dispositions finalement retenues dans la loi qui sera définitivement adoptée, ni celles qui passeront le filtre du Conseil Constitutionnel. Ce que démontre ces épisodes parlementaires peu glorieux, c’est que du macronisme au Rassemblement National, en passant par Les Républicains, sur de nombreux sujets il n’existe pas de vrai différence entre ces organisations.
Nous pourrions prendre d’autres atteintes aux droits des personnes, singulièrement à celles et ceux qui sont les plus démunis, voire exclus, et cerise sur le gâteau qui ne votent pas ou peu. Nous pensons entre autres à la « réforme du RSA », à la loi Kasbarian sur le logement, à la nouvelle circulaire Retailleau pour restreindre les possibilités de régularisation des sans-papiers, … Ou encore à l’intégration dans le droit commun de dispositions répressives « justifiées » par les attentats terroristes de Daech. Nous pourrions aussi citer la mise en place de la Cellule Déméter au sein de la gendarmerie nationale, qui vise à intimider et à réprimer les mouvements animalistes et écologistes. Nous n’avons pas non plus oublié la loi travail et ses attaques massives à la fois contre les organisations syndicales et pour affaiblir les possibilités de résistance des travailleuses et des travailleurs. Ainsi macronistes, droite républicaine et extrême-droite s’entendent comme larrons en foire pour attaquer le prolétariat dans sa diversité et dans sa totalité.
Aujourd’hui la surenchère bat son plein entre Retailleau et Wauquiez. C’est à qui apparaîtra le plus réactionnaire, le plus répressif, le plus productiviste et anti-écologiste afin d’être désigné candidat de LR à la prochaine présidentielle. En réalité il ne s’agit que de la continuation de la même dérive à droite, à l’œuvre depuis plusieurs décennies. Car il s’agit bien, soi-disant pour récupérer les électrices et les électeurs partis chez les fascistes, de reprendre des pans entiers du programme du RN.
C’est pourquoi il ne faut pas nous y tromper ! Quand le RN sera en position d’accéder au pouvoir, les électorats de droite seront bien préparés à cette coalition des droites qu’appellent les extrêmes-droites. Et les « responsables » politiques de droite, dont l’objectif prioritaire est de conserver leurs postes pour garder les privilèges économiques qui y sont associés, noueront sans état d’âme une alliance avec le fascisme.
Nous en sommes là ! Comme en 1933 en Allemagne, ou en Italie en 1922, la prise du pouvoir par le fascisme a été rendu possible par une telle alliance avec le grand capital et les partis de la droite classique. Il convient de tout faire pour que cela ne se reproduise pas aujourd’hui en France.
« Quand les blés sont sous la grêle, fou qui songe à ses querelles »
Tout est-il donc écrit ? L’arrivée des fascistes au pouvoir est-elle inéluctable ? Nous ne le pensons pas ! Mais les seules forces pour écarter un tel scénario ne se trouvent que dans le mouvement social et dans la gauche politique. Ou plus précisément dans une conjugaison intelligente du combat de l’un et de l’autre.
Nous tenons d’abord à affirmer que le combat politique ne peut pas être intemporel. Parfois il y a des priorités qui doivent structurer les interventions, les actions et le discours militant. Il ne s’agit évidemment pas d’abandonner nos objectifs. Nous nous battons, au sein de la Plateforme Communiste Libertaire, pour une sortie du capitalisme et pour la construction d’une société égalitaire, autogestionnaire et écologiste.
Mais notre combat se mène dans un contexte donné, et celui-ci pèse nécessairement sur les priorités à court terme. Et le contexte d’aujourd’hui, c’est la montée du fascisme. Pas simplement en France, mais partout sur la planète. Si des franges de plus en plus importantes de la grande bourgeoisie, au niveau international, financent le fascisme, c’est simplement parce que le fascisme est la bouée de secours du capital, quand les contradictions s’accumulent et menacent la survie de ce système économique et politique. Rien de nouveau en cela. Déjà en 1936, feu notre camarade Daniel Guérin dénonçait cette réalité dans son livre Fascisme et grand capital.
Ignorer ce contexte, mener un combat comme si nous ne risquions pas d’être confrontés à un pouvoir évoluant vers le totalitarisme et pouvant réduire à néant toutes nos luttes émancipatrices, est très dangereux. Le risque fasciste doit aujourd’hui nous conduire à l’intégrer dans toutes nos analyses et structurer toutes nos priorités. Ainsi, nous ne pouvons que soutenir l’association intersyndicale VISA composée de plus de 250 structures syndicales de la FSU, de Solidaires, de la CGT, de la CFDT, de la CNT-SO, de FO, de la CNT, du Syndicat de la Magistrature, qui y construisent une coordination syndicale antifasciste.
VISA est aussi porteuse d’une reprise à la base dans les entreprises et sur les territoires du combat antiraciste. Évidemment cette dynamique sera d’autant plus efficace si le syndicalisme n’oublie pas de porter, par l’action à la base, la défense des revendications et des aspirations du prolétariat. Car le combat social reste un rempart contre les idées régressives de l’extrême-droite.
Rappelons-nous ce que le politiste Tristan Haute écrivait dans L’Humanité du 15 juillet 2024 : « Les candidats RN ne récoltent que 19 % chez les sympathisants d’au moins une centrale [syndicale] » et « le RN progresse [le plus] dans les déserts syndicaux ». Le combat social est un des antidotes majeurs au fascisme et celles et ceux qui veulent le combattre ne peuvent pas faire l’impasse de la participation au combat social.
Mais, manifestement aussi, cela ne suffira pas ! Le syndicalisme doit rester massivement indépendant des partis politiques. Mais certainement pas neutre. D’ailleurs, jamais le syndicalisme – y compris aux temps héroïques du syndicalisme révolutionnaire conquérant au début du XXe siècle – n’a construit son action indépendamment du contexte politique. L’épisode de juin 2024 après la dissolution de l’Assemblée Nationale par Macron a montré, très fugacement, comment un « Front Populaire » pouvait faire converger mouvement social et gauche politique.
Mais, nous l’avons vu, cela n’a pas duré. Les partis politiques de « gauche » sont rapidement retombés dans leurs vieux démons. De nouveau la priorité, de la gauche radicale jusqu’à la droite du PS, semble être de se combattre, parfois au sein de chaque organisation, mais surtout les unes contre les autres.
Seul un Front Populaire « à la base » peut être capable, d’une part de proposer des perspectives pouvant faire régresser les idées sombres qui dominent au sein du prolétariat et font ainsi le lit du fascisme. Et d’autre part serait efficace pour s’opposer frontalement au fascisme, y compris dans les urnes. N’oublions pas que ce sera par une élection, comme pour l’arrivée de Trump au USA, que le fascisme accédera au pouvoir !
Oh ! Il y a de multiples raisons, éventuellement légitimes, pour refuser de travailler avec le PS, avec les écologiste, avec le PC, avec LFI, ou encore avec la multitude d’organisations de la gauche radicale. Il est même légitime d’analyser le PS comme une organisation foncièrement pro-capitaliste. D’autres organisations à gauche se sont essayées à reprendre certains thèmes de l’extrême-droite, comme le soutien aux revendications policières d’une impunité lors des bavures. Mais nous savons aussi que le PS – et les autres organisations de gauche – organise et/ou est soutenu par un nombre important de prolétaires. Et les faits sont là ! Sans une alliance large, l’arrivée du fascisme est inévitable.
Qu’on se comprenne bien ! Il ne s’agit pas pour nous d’élaborer un « programme commun » sans consistance et incapable de prendre en compte les attentes et les revendications des classes sociales populaires. Il s’agit simplement de cesser toute forme de sectarisme et de centrer notre combat sur l’ennemi du moment : l’extrême-droite. Pour nous ce combat passe d’abord par le combat social sans concession. Mais il ne peut pas faire l’économie d’une lutte politique, y compris en prenant position comme nous l’avons fait en juin 2024 : en appelant à voter pour le Nouveau Front Populaire.
Nous n’attendons rien des ténors de LFI, du PC, des Verts ou surtout du PS. L’unité qui a surgit en juin 2024 a été possible parce que les états-majors des partis avaient compris que ce « peuple de gauche » ne pardonnerait à aucun parti de jouer la division. Il appartient donc, à celles et ceux qui veulent tout faire pour éviter que les fascistes prennent le pouvoir, de construire à la base, dans l’unité, des formes de coordination militantes pour faire vivre un véritable « Front Populaire ».
Un tel mouvement, s’il se structurait, serait nécessairement multiforme, associant militantes, militants et structures du mouvement social ou politique. Mais la lutte antifasciste qui en serait le cœur, ne pourrait pas pour autant se limiter à la dénonciation du fascisme. Nous avons montré ici que la montée du fascisme se construit aussi sur toutes ces mesures antisociales qui n’ont cessé depuis des décennies de pourrir le quotidien des hommes et des femmes des classes sociales populaires. Un Front Populaire digne de ce nom devra porter leurs attentes et leurs revendications.