Syndicalisme : Occupation de Pôle Emploi à Blain le 20 février.
Le 20 février, l’agence de Pôle Emploi à Blain – commune rurale de Loire Atlantique de 10 000 habitants – a été occupée par une cinquantaine de militantes et de militants CGT. Initiée par la collectif départemental CGT des privés d’emploi, cette action vise à continuer le combat contre la nouvelle loi de casse de l’allocation chômage. Cette agence avait aussi été ciblée par rapport à une revendication d’un droit à la formation syndicale pour les chômeuses et les chômeurs.
Nous reproduisons ici l’intervention du comité des privés d’emploi, lors de l’occupation de l’agence de Pôle Emploi de Blain :
« Un à un, les verrous ont sauté. Depuis l’élection de Macron en 2017, des pans historiques du système d’assurance chômage sont tombés, permettant au gouvernement de rétrécir toujours plus les droits au chômage. Et d’engranger des milliards d’euros d’économie.
Ainsi, depuis le décret de 2019, le nombre de mois travaillés nécessaires pour ouvrir des droits au chômage a augmenté passant de 4 mois à 6 mois. Fatalement, le nombre de chômeurs indemnisés a baissé de plus de 20%.
En un an le montant des allocations à énormément chuté. Plus de la moitié de celles-ci est inférieure au seuil de pauvreté. Le dernier acte a été posé ce 1er février 2023 avec la diminution de 25 % de la durée d’indemnisation de toutes les personnes nouvellement inscrites à Pôle emploi ou qui doivent recharger leurs droits, [c’est-à-dire pour celles et ceux qui ont travaillé en cours d’indemnisation, pour pouvoir bénéficier d’un allongement de la période indemnisée].
Exemple : pour une durée d’indemnisation de deux ans [avant la nouvelle « réforme »], la durée d’indemnisation passe à dix-huit mois. Six mois se sont évaporés, au motif que la conjoncture économique est jugée « favorable ».
Si le taux de chômage officiel, actuellement de 7,2 %, dépasse les 9 % ou augmente de 0,8 point en un seul trimestre, la durée initiale des droits sera rétablie. C’est le seul baromètre retenu par le gouvernement. Tant pis pour celles et ceux qui vivent dans des bassins d’emploi sinistrés où le taux de chômage est deux fois plus élevé que la moyenne nationale.
La fin du modèle assurantiel, un acte fondateur
Le gouvernement veut son plein-emploi et entend l’obtenir en tranchant dans le vif, sans exception. Officiellement, le but est de venir à bout des « difficultés de recrutement » sur lesquelles larmoient les patrons depuis un an et demi.
En réalité, cela poussera surtout les chômeurs et les chômeuses à accepter n’importe quel emploi de misère à n’importe quelles conditions, et surtout permettra aux employeurs de ne pas augmenter les salaires.
Depuis le 1er octobre 2018 les salariés ne cotisent plus à l’Assurance Chômage, c’est-à-dire que depuis quatre ans, plus aucune cotisation chômage n’est prélevée sur les salaires bruts. Cette mesure a été vendue comme un gain de pouvoir d’achat.
Beaucoup continuent de penser qu’ils ont des droits au chômage parce qu’ils ont cotisé. Mais si chacune et chacun contribue à financer les allocations-chômage par le biais [de cotisations « patronales » et] d’un relèvement de la CSG, ce dernier constitue un impôt directement versé à l’État. Et celui-ci peut donc en disposer à sa guise.
Désormais, c’est l’État qui décide quelle part de son budget doit être affectée au financement du système de chômage. Sans aucune garantie qu’à terme, le montant des allocations-chômage ne baisse pas drastiquement, puisque les salariés n’y contribueront plus directement. Et c’est précisément ce qui s’est produit.
Les conséquences sur le chômage de la réforme des retraites.
Aujourd’hui un tiers des privés d’emploi sont des seniors. En 2010, le recul de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ en retraite a provoqué une augmentation de 173 % des allocations RSA pour les plus de 60 ans.
Les plus de 55 ans, qui bénéficiaient de trente-six mois maximum de droits, voient désormais leur indemnisation passer à 27 mois maximum. Ils devront, peut-être, travailler deux ans de plus ou être inscrits deux ans de plus au chômage. Même si ils et elles peuvent être usées par une vie de travail, la politique de Pôle Emploi est parfois très sévère avec eux.
À 64 ans, Ivan vient d’être radié de Pôle emploi pour « insuffisance d’actions en vue de retrouver un emploi ». Une sanction qui le prive de son allocation-chômage de 1 080 euros, pendant un mois. Ivan dit avoir été signalé au service de contrôle par sa conseillère, à la suite d’une convocation. « Je n’avais pas de quoi justifier une recherche très active. J’habite dans une zone reculée, rurale. Je suis inscrit dans une agence d’intérim mais on ne me propose rien. » II va devoir rester inscrit jusqu’à 67 ans.
En plus de radier les seniors qui sont à la peine, Pôle Emploi ne manque pas d’innovation en matière d’accompagnement. Après la « Star Academy », Martine comédienne de 64 ans inscrite à Pôle Emploi, s’est vu proposer de rejoindre la « Seniors Academy » prestation qui démarre en mars à Saint-Herblain organisée par une association de bénévoles…
Si nous nous laissons faire, il n’y aura plus de travailleurs privés d’emploi et précaires indemnisés par Pôle Emploi et nous seront toutes jetées dans l’enfer des minimas sociaux, au RSA, avec bientôt une obligation d’activité de 15 à 20h par semaine.
Face à toute cette logique délétèrela CGTdéfend des revendications qui permettrait de sortir de la misère celles et ceux qui sont jetés au chômage par les patrons :
– L’annulation de la réforme de 2019 ;
– L’indemnisation de 100% des travailleurs et travailleuses privées d’emploi et précaires par l’assurance chômage;
– Une allocation chômage minimum a hauteur du SMIC, y compris pour les primo demandeurs ;
– Travailler moins pour partager le travail.
Pour que toutes et tous nous ayons un emploi, digne, correctement rémunérés, librement choisis. On ne lâche rien, ni personne ! »