Histoire : Éléments de réflexion à partir de l’histoire du « plateformisme » en France.

Histoire : Éléments de réflexion à partir de l’histoire du « plateformisme » en France.

Les initiateurs et initiatrices du réseau « Les ami.es de la plateforme communiste libertaire » sont en grande majorité issu.es de l’Union Communiste Libertaire et l’ont quittée après son premier congrès qui s’est tenu en août2021. Ils et elles ne sont pas de celles et de ceux qui s’arc-boutent sur des textes sacralisés qui devraient s’appliquer tels quels des décennies, voire des siècles, plus tard.

Leur projet, leurs discours et leurs actions doivent s’adapter aux réalités sociales et culturelles contemporaines. Mais ils et elles savent aussi qu’il faut savoir tenir compte des enseignements de l’histoire. Aussi il est nécessaire de connaître l’histoire de notre courant pour mieux insérer leur combat dans le monde d’aujourd’hui.

La publication de la Plateforme dite « d’Archinov »

Bien que notre courant peut légitimement revendiquer une filiation d’abord les « anti-autoritaires » de la Première Internationale, puis avec les anarchistes qui – autour d’Émile Pouget secrétaire général adjoint de la CGT de 1901 à 1908 – ont participé à l’essor de la CGT en France, le terme « plateformisme » est apparu après la publication de la « Plateforme d’organisation des communistes libertaires » en 1926 par le groupe DIELO TROUDA (Cause Ouvrière) composé d’exilé.es polonais.es, russes et ukrainien.nes (entre autres Piotr Archinov, Nestor Makhno et Ida Mett).

Ce document est composé de 3 parties.

  • La Partie Organisationnelle affirme la nécessité d’une « unité théorique« , d’une « unité tactique ou méthode collective d’action« ,  d’une « responsabilité collective », au sein de l’organisation anarchiste, structurée par un fonctionnement fédéraliste « qui concilie l’indépendance et l’initiative de l’individu ou de l’organisation, avec le service de la cause commune ».
  • La Partie Constructive commence par se poser la question des premiers jours de la révolution, au travers des questions de production, de consommation, de l’accès à la terre, de la défense de la révolution … Bref l’amorce d’un projet de société.
  • La troisième partie, dite « Partie Générale » est une illustration avec les mots et les réalités sociales de l’époque de ce que nous pouvons appeler la place centrale de la lutte de classe dans le combat révolutionnaire. Elle propose une grille d’analyse reposant sur le matérialisme et la lutte des classes comme moteur de l’histoire. Puis sont développées la conception du rôle des masses et du rôle des anarchistes dans la lutte sociale et dans la révolution sociale, ainsi que la question de la période transitoire et de l’intervention des anarchistes dans le syndicalisme.

A la suite de cette publication, la controverse entre celles et ceux que l’on appellera ultérieurement « synthétistes » et « plateformistes » se poursuit jusqu’en 1931  : à l’accusation de « bolchevisme » des uns, répond celle de « dilettantisme » des autres.

A noter les mots de Sébastien Faure, théoricien du synthésisme, affirmant : « maintenir que l’anarchisme n’est qu’une théorie de classe c’est le limiter à un seul point de vue » qui ne peut que faire écho aux débats du premier congrès de l’Union Communiste Libertaire (UCL), en 2021, où nos adversaires ne cessaient de nous lancer à la figure « Class first » … Le synthésisme s’est emparé de l’UCL.

Pour en revenir à cette période de l’entre deux guerres, au congrès d’Orléans des 30 octobre et 1er novembre 1927, l’Union anarchiste communiste devient majoritairement plateformiste. Les synthétistes minoritaires quittent l’UAC. Toutefois en 1934 une « réunification » se traduira par une nouvelle scission avec la création d’une Fédération communiste libertaire. Puis la guerre d’Espagne accapare toutes les énergies et la seconde guerre mondiale se traduira par la liquidation du mouvement anarchiste organisé.

L’OPB

Les 29 et 30 octobre 1944, lors d’une rencontre à Agen, une Fédération anarchiste (FA) est créée. Mais presque immédiatement les tensions s’accumulent entre synthétistes et plateformistes. En réponse au fractionnisme des synthésistes, se crée en 1949 l’Organisation Pensée Bataille (OPB), une fraction interne clandestine, avec comme projet de créer les conditions pour que la FA se transforme en une organisation révolutionnaire.

Si les militantes et militants qui se réclament explicitement de la Plateforme d’Archinov y sont minoritaires, tous les membres de l’OPB sont sur des bases plateformistes. Une étape importante a été franchie au congrès de Paris de la FA en 1950, avec la modification des règles de vote, passées d’un vote par groupe à un  vote « un.e militant.e, une voix« . Le rapport de force en interne en sera profondément modifié.

Au congrès de 1953, d’un coté la majorité communiste libertaire transforme la FA en une Fédération Communiste Libertaire (FCL), et de l’autre se recrée une FA se revendiquant du synthésisme. Sur l’OPB, Fontenis écrira plus tard : « Qu’avions nous besoin de lui donner un caractère de clandestinité qui nous sera beaucoup reproché et qui, finalement n’aura servi à rien ? Nous le voyons bien avec le recul du temps : Si nous l’avons emporté à Lille, surtout à Bordeaux et plus encore à Paris, c’est parce que nous étions effectivement très majoritaire et que nous avions une forte cohérence dont il reste à prouver qu’elle le devait à la clandestinité. »

Sans doute cette situation nouvelle était-elle la conséquence logique de l’évolution de la composition sociologique de la FA. Car, selon Georges Fontenis, les années entre 1945 et 1950 ont été marquées par l’entrée d’un nombre important de jeunes ouvriers.

Il ne s’agit pas de nier les erreurs politiques commises par la FCL ou de l’idéaliser. Toutefois s’était construite une véritable organisation révolutionnaire. L’implication importante de la FCL dans la lutte anticoloniale pendant la guerre d’Algérie a eu aussi comme conséquence des poursuites et des procès, des saisies du journal Le Libertaire, en particulier en 1956. Le 13 juillet la DST arrête 7 responsables de la FCL. Comme l’a écrit Georges Fontenis « c’est la fin« . La FCL et notre courant disparaissent corps et bien. Certains groupes isolés subsistent encore. Et, d’une certaine façon, l’esprit de la défunte organisation survit dans la revue Noir et Rouge.

L’UTCL

La FA, qui pendant la guerre d’Algérie renvoyait dos à dos les nationalistes algériens et l’état français, a passé sans dommage cette période et était devenue la seule organisation anarchiste d’un peu d’importance. Une scission en 1964 abouti à la constitution de l’Union des groupes anarchistes communistes (UGAC). Maurice Joyeux consacre en 1967 une brochure pour dénoncer la résurgence des influences « marxisantes » du communisme libertaire.

Divisée et plutôt focalisée sur ses problèmes internes, la FA ne voit pas venir le mouvement de Mai 1968. Et si la présence militante de la FA fut réelle en mai 68, ses conceptions organisationnelles ou politiques ne leur permettaient pas d’intervenir collectivement et de peser. De nouveau une tendance communiste libertaire se constitue: l’Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA). En 1970, l’ORA se détache de la Fédération anarchiste pour devenir une organisation spécifique.

Rapidement des militants quittent l’ORA pour rejoindre l’Union des communistes de France marxiste-léniniste (groupe maoïste).  En 1972, l’ORA exclut des militants qui appuyaient les « candidatures révolutionnaires uniques » aux élections législatives. Une minorité d’entre eux va renforcer Lutte ouvrière, tandis que la majorité rejoint la Ligue communiste.

En 1974, l’ORA se divise encore. Une partie, renforcé par la venue de deux groupes précédemment scissionnistes de l’ORA, fonde une nouvelle organisation et une revue, Rupture. Leur orientation ultra-gauche va les conduire vers les groupes « autonomes ». Cette organisation disparaît très rapidement.

En France, le congrès de 1976 à Orléans exclu une partie des militant.es et change le nom de l’organisation qui devient l’Organisation communiste libertaire. L’OCL développe une pratique d’intervention qu’elle nomme « mouvementiste et rupturiste » qui donne priorité au travail local, critique les syndicats et toute institutionnalisation des luttes et participe au mouvement autonome.

Les exclu.es se rebaptisent Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL). Cette nouvelle organisation fonde sa pratique sur une intervention dans les entreprises et les syndicats ainsi que sur les luttes où sont présentes les autres organisations de la gauche radicale. Enfin l’UTCL affirme sa filiation avec la Plateforme. Elle ouvre une période longue de plus de 40 ans, de 1976 à 2019, inédite pour notre courant, pendant laquelle le plateformisme peut s’identifier avec une organisation.

Dans tout ce foisonnement d’organisations anarchistes, seule l’UTCL non seulement se maintiendra, mais au travers d’Alternative Libertaire se développera. Pour celles et ceux qui y ont participé, deux éléments majeurs doivent être soulignés. D’une part une volonté de construire l’anarchisme à partir des préoccupations s’exprimant au sein du prolétariat, en rupture avec le discours habituel, donneur de leçons, qui prévaux dans ce que l’on nomme le « mouvement anarchiste ». D’autre part la réalité d’une fraternité au sein de l’organisation, qui au-delà des confrontations politiques parfois tendues, permet aux membres de l’organisation de construire un collectif humain solidaire.

L’originalité de l’UTCL a été de s’organiser par secteur professionnel et de mettre en place un fonctionnement garantissant la réalité d’une « direction ouvrière » de l’organisation. Au cours des années 1980, les militants de l’UTCL se sont trouvés à l’animation de plusieurs syndicats de la gauche CFDT, opposés au « recentrage » de la confédération. Nombreux sont celles et ceux qui seront exclus de la CFDT. Celles et ceux qui y ont participé se souviennent des débats au sein de l’UTCL qui ont abouti à une décision collective des militant.es de l’UTCL : défendre la création de syndicats autonomes, dans l’aérien, la santé, le rail, à l’origine de la fédération syndicale Solidaires.

En 1986, les cheminots de l’UTCL jouent un rôle important dans le déclenchement des grèves de l’hiver à la SNCF, qui ont vu apparaître pour la première fois des coordinations de grévistes. En 1987, ce sont encore des militants de l’UTCL qui participent au déclenchement de la grande grève des instituteurs. En 1989, les militants UTCL du secteur aérien sont présents dans la grève radicale d’Air France. La réflexion théorique n’a pas été oubliée, avec la rédaction du Projet Communiste Libertaire.

Des jeunes proches de l’UTCL participeront à l’animation des marches des « beurs » de 1984 qui marque l’irruption des jeunes des banlieues dans le débat public. En 1986, dans la fièvre des luttes anti-Devaquet, ils et elles participeront à la naissance du Collectif jeunes libertaires (CJL), qui va s’adosser à l’UTCL.

Mais l’organisation stagne et elle cherchera à s’élargir. Cela donnera Alternative Libertaire. L’influence plateformiste y est encore réelle, même si d’autres « sensibilités » trouvent une place dans l’organisation. L’organisation double assez rapidement ses effectifs et continue à coordonner des militantes et de militants agissant dans le syndicalisme, et commence à le faire au sein de l’écologie politique, du féminisme, voire de l’antiracisme.

La dissolution d’Alternative Libertaire

Mais le développement de l’organisation marque encore le pas. Des obstacles à ce développement sont identifiés. En premier lieu il y aura le « tournant vers la visibilité », avec un local national public, la publication régulière de matériel de propagande se traduisant par des campagnes d’affichage plus régulière … Et puis une seconde orientation est adoptée, dite du « changement d’échelle ». Ce dernier devient un objectif en lui-même, instaurant le glissement d’une conception utilitariste de l’organisation et de son développement (considérée uniquement comme un outil au service d’une lutte collective), vers une organisation qui devient un but en soi.

C’est dans ce contexte que la CGA (Coordination des Groupes Anarchistes), issue d’une nouvelle scission de la FA, demande à discuter d’un rapprochement avec Alternative Libertaire. Cette demande reçoit un accueil favorable de la totalité des militant.es, cohérente avec le refus de tout sectarisme. Toutefois, si la CGA prépare collectivement cette fusion et définit clairement ses objectifs politiques, la commission qui au sein d’Alternative Libertaire est désignée pour animer les débats en interne sur ces questions privilégiera la recherche à tout prix de la fusion, plutôt que de favoriser l’expression des objectifs et des exigences politiques l’AL qui était pourtant bien plus importante numériquement que la CGA.

Des décisions intermédiaires sont prises, sans débats clairs dans AL. A la Coordination Fédérale commune précédent le congrès, ces débats émergent. Les délégué.es de la CGA, face à l’hostilité qui se manifeste au sein d’AL concernant des points cruciaux du fonctionnement, menace de se désengager au dernier moment du processus, en particulier parce que cela leur ôterait leur minorité de blocage lors du congrès de fusion. Ce débat qui aurait dû être tranché plus tôt sous l’impulsion de la commission « ad hoc » d’AL – ce que cette dernière n’a pas fait – ne pouvant plus matériellement être mené, la majorité d’AL s’incline et accepte ces règles de fonctionnement du congrès de fusion, défavorables pour l’organisation majoritaire.

Si le manifeste qui est issu du congrès ne semble pas contradictoire avec celui d’Alternative Libertaire, la différence, les militantes et militants d’AL le découvriront plus tard, se situe dans ce qui n’est pas dit, c’est-à-dire dans les pratiques politiques réelles. Quant au fonctionnement, à sa complexification bureaucratique, à ses règles de décision donnant tout pouvoir à une minorité de blocage et à son abandon du principe « un.e militant.e, une voix » au profit de mandats par groupe, il participe à la nature de ce qu’est cette nouvelle organisation. Évidemment à l’issu de ce congrès Alternative Libertaire, tout à sa recherche sans principe d’un changement d’échelle, n’a pas d’autre choix que de décider de sa propre dissolution.

La fusion crée un appel d’air. Des groupes anarchistes locaux, qui n’auraient jamais adhéré à Alternative Libertaire, entrent à l’UCL. Un turn-over important se met en place – touchant près du tiers des militant.es en deux ans, dont une partie importante est issue d’Alternative Libertaire. Au premier congrès de l’UCL une forte majorité entérine la rupture avec le plateformisme : refus de se doter « d’une priorisation de nos efforts militants dans les luttes des classes populaires », au profit d’un localisme où chaque groupe fait ce qu’il veux ; affirmation d’un sectarisme décomplexé ; refus de faire de la lutte des classes le centre de sa stratégie … Quant au lien militant au sein de l’organisation il est dégradé par la multiplication d’accusations infondées de racisme, de sexisme, … à l’identique de ce qui peux se faire au sein des réseaux sociaux … Le premier congrès de l’UCL est celui de la liquidation de l’orientation plateformiste issue de l’UTCL, puis d’Alternative Libertaire.

En guise de conclusions

Nous n’entendons renier aucune des analyses qui ont été les nôtres au sein de l’UTCL, puis d’Alternative Libertaire. Nous restons convaincu de la nécessité d’un combat politique associant une grille d’analyse fondée sur un « matérialisme dialectique historique » et sur la lutte des classes comme moteur de l’histoire ; sur un projet de société anti-autoritaire et intégrant le combat contre toutes les formes de domination et de discrimination d’un être humain sur un autre ; enfin sur la construction d’une organisation possédant une unité théorique, une méthode collective d’action et une responsabilité collective.

Toutefois, le bilan de bientôt 100 ans de combat plateformiste en France doit nous conduire à en tirer des enseignements. D’abord, indubitablement les orientations plateformistes ont permis aux communistes libertaires de peser politiquement dans le monde réel, bien plus que toute autre variante de l’anarchisme.

Mais à ce jour, les deux expérimentations concrètes du plateformisme en France, la FCL et l’UTCL ont l’une comme l’autre débouché sur une disparition. Concernant la FCL, la disparition ayant été liée à la répression d’état, cela ne permet pas de grande conclusions. La question de l’UTCL, puis d’Alternative Libertaire, est plus intéressante. C’est celle de l’intégration de militantes et de militants qui rejettent, non pas l’étiquette plateformiste ce qui ne signifie pas forcément grand-chose pour le commun des mortels, mais la logique politique plateformiste elle-même. De ce processus a émergé la renaissance de l’impuissance et de la confusion congénitales au synthésisme.

Et nous ne devons pas oublier que semblent fondamentaux, au regard de l’histoire de notre courant, la composition sociologique majoritaire de l’organisation, et/ou les moyens pour garantir aux membres prolétaires de l’organisation de disposer d’une influence décisive sur les orientations.

L’histoire du plateformisme à ce jour est celle d’un courant qui ne parvient pas à sortir de sa dimension minoritaire. C’est vrai au niveau national comme au niveau international. Tirant régulièrement le bilan de ce constat, les plateformistes ont tenté de nombreuses alliances. Dans les années 1960 (cf. plus haut) avec des courants se revendiquant du marxisme. Plus régulièrement ils ont tenté de s’allier à d’autres anarchistes. Mais cela a toujours conduit a la dissolution du corpus théorique. Et à chaque fois, la nécessité de création d’une organisation plateformiste réapparaît.

Nous ne renonçons pas à l’hypothèse d’une massification, donc d’un accès ouvert et facilité à l’organisation. Mais les difficultés du plateformisme ne sont-elles pas liées à la difficile compatibilité entre la discipline collective et individuelle librement consentie qu’il suppose et l’anarchisme lui-même, pris au sens du refus de toute autorité supérieure, de tout point de vue imposé, vision qui généralement traverse les jeunes militant.es attirées par l’anarchisme ?

Nous ne pouvons ignorer non plus que la culture contemporaine évolue vers davantage d’individualisme et des logiques d’engagement fondées sur des motivations individuelles et éphémères. Cette tendance actuelle à l’individualisme se traduit par un absolu dans l’affirmation des convictions de chacune et de chacun. Cela favorise, plutôt qu’une élaboration d’une position commune, la coexistence en parallèle au sein de l’organisation de positions individuelles disparates, ce qui mène au « synthésisme », à la paralysie et à l’impuissance.

Comment alors repenser la construction dans la durée d’une organisation impliquant une certaine discipline, un renoncement, même temporaire, à ses convictions pour appliquer la ligne fédérale ?

Chez les bolcheviks, le parti fortement centralisé a permis de faire coexister les expériences de massification avec la possibilité de maintenir une ligne politique commune. Est-il possible, et comment, d’obtenir le même résultat avec une organisation qui fonctionne démocratiquement à la base ?

Le plateformisme peut-il avoir une existence autonome solide en dehors d’une période révolutionnaire, période au sein de laquelle il prend tout son sens ?

Doit-il exister en tant que courant besogneux et relativement silencieux au sein de formations plus larges en période non-révolutionnaire ?

Ou alors le plateformisme est-il condamné à rester marginale dans ses effectifs ? Ce n’est qu’une hypothèse qui donnerait rétrospectivement raison à Bakounine et à sa « Fraternité Internationale« , même si d’autres possibilités qu’une alliance secrète peuvent être mises en place.

L’avenir du plateformisme n’est-il pas davantage dans une identité de gauche autogestionnaire plutôt qu’anarchiste, susceptible de générer un quiproquo, afin d’éviter les entrées régulières et trop importantes de courants synthésistes ?

Nous devons donc nous poser la question de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Ces questions, nous voulons aujourd’hui les débattre avec toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans une démarche politique anti-autoritaire, qui affirment la centralité – mais pas la priorité – de la lutte des classes dans leur combat politique, qui veulent fonder leur combat politique sur les préoccupations du prolétariat dans toute sa diversité et ce quelque soit l’étiquette qu’ils et elles se donnent aujourd’hui.

Aussi nous nous posons aussi la question d’un courant politique ouvert, non fermé à son corpus « anarchiste » ou plutôt anti-autoritaire (pour déjà dépasser les quiproquos liés au terme anarchiste) initial, enrichi du meilleur des théories et pratiques des autres courants révolutionnaires et du mouvement social, articulant de façon cohérentes les luttes écologistes, féministes et antiracistes au sein d’une stratégie de centralité de la lutte des classes.

Jacques Dubart