Vie du réseau : Méthodologie du débat

Vie du Réseau : Méthodologie du débat au sein du réseau « Les ami.es de la Plateforme communiste libertaire »

Préambule

  • Notre réseau rassemble des militantes et des militants se battant collectivement pour une société solidaire, débarrassée de toutes formes de discrimination liées à la classe sociale, au sexe, à l’origine, à la culture, à la religion, à l’orientation sexuelle, à la santé …
  • Notre réseau ne se construit pas sur une démarche affinitaire. Toutefois nous devons nous efforcer d’être à l’image de la société que nous voulons construire et au sein du réseau nous devons combattre toutes les formes de relation de pouvoir entre les participant.es et au contraire y promouvoir des relations fraternelles.
  • La façon de débattre entre nous est un élément essentiel pour y parvenir. C’est ce qui motive la rédaction de cette « méthodologie du débat » au sein de notre réseau.
  • Cette méthodologie ne se concrétisera pas par une codification de sanctions envers celles ou ceux qui ne la respecteront pas. Mais collectivement, fraternellement, elle doit permettre de faciliter la résolution des conflits qui pourraient résulter de son non respect. Il s’agit d’une responsabilité collective de tous les instants.

Notre manière de lutter contre toutes les formes de domination.

  • Évidemment l’expression de quelque forme d’hostilité envers d’autres humains pour ce qu’ils ou elles sont, n’a pas sa place au sein de notre réseau.
  • Pour autant, nous refusons toute pratique de procès d’intention. Notre réseau doit bannir les qualifications péremptoires et hâtives des positions des autres de racistes, de sexistes, d’homophobes, etc. au profit d’explications argumentées des problèmes que peuvent soulever certaines positions politiques. Car trop souvent, des anathèmes sont lancés pour confisquer le débat et assurer à celles et ceux qui les lancent une domination autoritaire sur le collectif militant.
  • Évidemment la persistance de positions assumées porteuses de discrimination n’est pas acceptable. Mais cela ne relève plus de cette méthodologie, mais de la responsabilité collective de tous et toutes les participantes.
  • De même toute forme de violence, physique ou psychologique, sexiste, raciste ou relevant de quelque forme que ce soit de discrimination envers d’autres humains pour ce qu’ils ou elles sont, est incompatible avec la participation à notre réseau.

Au cœur des classes sociales subissant l’exploitation capitaliste.

  • Le ou la prolétaire est le sujet central de toute stratégie révolutionnaire. Aussi notre démarche est de nous adresser au prolétariat dans toute sa diversité, c’est-à-dire aux membres d’une classe sociale subissant, outre l’exploitation dans le quotidien, souvent un accès difficile au vocabulaire universitaire.
  • Notre discours, nos actions doivent par conséquent être structurés autour des préoccupations qui s’y expriment, ce qui inclus, outre les revendications matérielles communes, les questions des discriminations subies par une partie du prolétariat.
  • Ensuite nous devons nous donner comme objectif, quand nous rédigeons des tracts, des articles ou des textes internes, d’être compréhensibles par toutes et tous. Cela signifie limiter – à ce qui est indispensable et en l’explicitant – tout vocabulaire, spécialisé ou militant.
  • Refusant de sombrer dans l’anti-intellectualisme, nous nous donnons aussi les moyens de construire et promouvoir des outils qui permettent à notre classe d’accéder à une éducation politique émancipatrice.

Faciliter la prise de parole de toutes et tous.

  • Les militantes et les militants bénéficiant d’une expérience ont nécessairement plus de facilité dans la prise de parole publique ou même interne à notre réseau. Nous devons collectivement nous organiser pour faciliter la prise de parole de toutes et tous, en particulier des femmes trop souvent bridées dans leur prise de parole par la culture dominante.
  • Mais aussi d’un point de vue global pour toutes celles et tous ceux qui manquent d’expérience militante ou subissent des formes de discrimination. Il s’agit d’une nécessité, au-delà de l’intérêt « pédagogique » pour intégrer les nouveaux et les nouvelles, pour que celles-ci et ceux-ci permettent aux plus anciens de comprendre mieux les évolutions sociologiques et culturelles qui travaillent la société, mais aussi la diversité des vécus au sein des classes sociales populaires.
  • Pour avancer dans cette direction, les limites dans le temps de parole, les listes d’inscriptions donnant la priorité à la parole des femmes et à ceux qui ne se sont pas encore exprimés dans un débat, sont des outils nécessaires, mais pas suffisant. Collectivement, cette question devra être travaillée en permanence.

L’élaboration collective.

  • Notre réseau n’a pas pour objectif la valorisation de nos égos individuels. C’est bien la mise en commun de nos connaissances, de la diversité de nos expériences et de nos histoires qui doit permettre de nous doter collectivement d’outils utiles à notre combat.
  • Notre façon de débattre doit donc se donner comme perspective une élaboration collective qui englobe la diversité des points de vue pour enrichir la position de toutes et tous. Cela implique qu’en permanence nous cherchions à réaliser une synthèse politique qui prenne en compte cette diversité.
  • Mais cela ne doit pas pour autant se traduire par des positions minimalistes ne heurtant personne et ne satisfaisant personne. Quand de véritables divergences stratégiques s’opposent, l’heure n’est plus à la synthèse, mais à la clarification. Car nous n’oublions pas que notre objectif est de construire une « unité théorique » du réseau.

Une responsabilité individuelle et collective.

  • Nous ne voulons pas que nos débats se transforment rapidement en des parlotes sans conséquences. Quel que soit le caractère léger de nos formes d’organisation, notre participation au réseau doit nous engager individuellement pour que collectivement le réseau pèse sur le débat politique et le développement des luttes sociales.
  • Toutefois, nous n’avons pas décidé à ce jour de construire une véritable organisation. Aussi dans un réseau comme le nôtre, dans la diversité des situations militantes des membres du réseau, il ne peut pas s’agir de prendre des décisions que toutes et tous devront appliquer telles quelles. Il s’agit bien plus de se doter d’analyses et de propositions politiques communes. Elles seront concrètement déclinées en fonction des possibilités de chacun et chacune de nos membres.
  • Aussi nous affirmons que le but de notre réseau est de nous doter collectivement d’outils militants pour peser ensemble dans la lutte des classes. Nous estimons que cela implique ce que l’on appelle une « responsabilité collective », c’est-à-dire qu’une fois que nous avons débattu et décidé démocratiquement d’une position, nous l’appliquions collectivement, dans une diversité de nos modes d’action.

L’ouverture aux autres courants politique.

  • Nous savons que la révolution ne pourra pas résulter de l’action d’un seul courant politique. C’est pourquoi nous rechercherons, sur la base d’un contenu compatible avec nos positions, l’action commune avec les autres courants de la gauche sociale et politique – qu’ils se réclament du marxisme, de l’anarchisme, de l’écologie, du féminisme, de l’anti-impérialisme, de l’anti-racisme, … Cela ne veut évidemment pas dire accepter d’endosser des positions contradictoires avec ce qui fonde notre réseau.
  • De même nous chercherons par principe à participer aux mobilisations unitaires. Évidemment notre participation sera toujours conditionnée par le contenu de ces mobilisations. Si notre objectif ne sera jamais d’exiger que ces mobilisations reprennent l’intégralité de nos analyses et de nos propositions, notre participation sera toujours conditionnée à l’absence d’éléments manifestement contradictoires avec nos propositions.
  • Cette logique doit être présente en permanence dans nos débats et faire en sorte que le développement de notre réseau ne puisse jamais se justifier autrement que par la possibilité qu’il offre à ses membres d’être efficaces ensemble dans la lutte des classes et pour trouver le chemin d’une action la plus unitaire possible.
  • Notre réseau est une étape dans notre démarche collective. Nous n’entendons pas à ce jour définir les étapes ultérieures. Nous ne savons pas si nous nous engagerons dans la construction d’une nouvelle organisation, dans le maintien et le développement d’un réseau informel, dans la construction d’un courant communiste libertaire au sein d’une organisation révolutionnaire plus large…

L’humanité est notre famille et notre horizon.

  • L’internationalisme est à la base de notre « ADN ». Dès à présent cette question doit être débattue entre nous, autant par les perspectives politiques que nous entendons mettre en œuvre ici et maintenant, dans des prises de positions antiracistes, anti-colonialistes et anti-impérialistes, que dans une perspective à plus long terme en nous engageant dès maintenant dans le développement de contacts internationaux.
  • Concrètement cet internationalisme doit être évident dans nos préoccupations, nos publications et nos textes publics. Il doit se construire et se développer dans le même esprit d’ouverture que ce qui préside à nos relations politiques dans notre pays.