Vie du Réseau : Nos « relations extérieures »

Vie du Réseau : Nos « relations extérieures »

Même si à ce jour « La Plateforme » n’a pas la prétention d’être une organisation, ses membres portent collectivement un projet politique. En particulier nous voulons « contribuer à la fondation d’un mouvement autogestionnaire large au sein duquel le courant communiste libertaire s’intégrerait sans disparaître ». Ce projet impose en particulier de débattre avec les militantes et les militants des autres organisations révolutionnaires.

Notre regroupement se conçoit aujourd’hui comme un pôle qui serait actif au sein d’une recomposition politique, à la fois théorique et organisationnelle. Nous avons donc dans nos réflexions esquissé « un état des lieux des possibilités d’une telle recomposition, en vue de rencontres avec les autres organisations anticapitalistes ».

Cet état des lieux commence par un constat : La gauche est traversée par des crises majeures, quel que soit les pays, les contextes locaux, et les stratégies adoptées. Elles sont marquées en particulier :

  • D’une part par un recul général de la conscience de classe et des organisations de classe, notamment syndicales, du fait de la restructuration du capital et de la casse de nos droits sociaux.
  • D’autre part parce qu’une partie de la gauche a abandonné la lecture de classe, au profit d’une lecture populiste ou d’une fragmentation identitaire des rapports sociaux doublé d’un combat tourné vers l’intérieur de la gauche.

Face à cela, c’est le projet d’un « mouvement autogestionnaire large au sein duquel le courant communiste libertaire s’intégrerait sans disparaître », qui reste notre boussole. Nous le voyons dans l’idéal comme un outil politique, d’une part qui porterait une stratégie de transformation sociale et d’autre part qui articulerait ses propositions politiques avec un militantisme de masse et de classe.

Aucune organisation ne correspond aujourd’hui à un tel outil. Mais les choses évoluent vite et nous pensons nécessaire de réfléchir au meilleur moyen de donner de la voix à ce projet. Pour avancer il nous faut bien commencer par débattre dans le cadre de la réalité organisationnelle de la gauche sociale et anticapitaliste.

En premier lieu la question de l’avenir du syndicalisme révolutionnaire ne nous est pas indifférente. Car si les militantes et militants de la Plateforme considèrent qu’il faut à la fois une coordination syndicale et une intervention politique, ils et elles.se revendiquent clairement du syndicalement révolutionnaire.

Comment dépasser les clivages entre syndicalistes révolutionnaires, à partir des grands sujets qui traversent le syndicalisme, et plus généralement les mouvements sociaux : l’unification syndicale, la convergence des luttes, les enjeux interprofessionnels ? Nous entendons jouer un rôle actif dans ce débat, en particulier en discutant avec les regroupements et organisations syndicalistes révolutionnaires.

Nos rapports aux organisations politique existantes.

Mais l’émergence en tant que telle d’une force anticapitaliste de classe et de masse, fait aussi partie de nos priorités.

L’Union Populaire est désormais la force majoritaire à gauche, sur des bases plus radicales que ce que nous avons connu auparavant en termes de gauche de gouvernement. Elle polarise les débats sur ses propositions, y compris parmi les militantes et les militants que nous côtoyons dans les mouvements sociaux. Quelles que soient les critiques que nous pouvons porter à son égard cette réalité s’impose à nous.

Nous sommes critiques sur le projet stratégique, notamment du fait de la séparation faite entre le social et le politique, au sein de laquelle les élections sont vues comme une finalité en soi qui suffiraient à changer la société. Pour notre part nous ne rejetons pas dogmatiquement les enjeux électoraux, mais nous ne pouvons que constater qu’en l’absence de luttes, les partis de gauche arrivés au pouvoir, qu’ils soient radicaux ou pas, finissent toujours pas appliquer un programme d’austérité. C’est donc bien la question des luttes qui est centrale.

Dans ce cadre et pour le moment, nous positionner en soutien critique, notamment sur les illusions gouvernementales, semble la position la plus sensée. Car cela nous permettrait de participer à la construction sur le terrain d’un embryon de pouvoir populaire, si et quand cette question se posera. Assister dans un tel cadre aux réunions publiques de l’Union Populaire nous permettrait modestement d’y défendre la nécessité de l’autonomie du mouvement social.

Mais notre avenir immédiat se conçoit davantage au sein de la gauche anticapitaliste et porteuse au moins d’une « sensibilité autogestionnaire ». Notre priorité aujourd’hui est de débattre avec toutes ses composantes, qu’elles soient intégrées dans l’Union Populaire, tel Ensemble. Ou qu’elles n’en fassent pas partie, comme l’UCL, la FA ou le NPA.

Participer à la construction d’une coordination des organisations révolutionnaires

Nous avons porté au sein d’Alternative Libertaire la dynamique des Fronts Anticapitalistes. Celle-ci a pu localement se concrétiser avec un certain succès, bien qu’au niveau global ce fût un échec. Il faut évidemment tirer des leçons de cet échec.

Pourtant la réalité politique d’aujourd’hui est celle d’une marginalisation des organisations révolutionnaires qui apparaissent inutiles à la grande majorité des membres de notre classe. Ce n’est pas nécessairement la diversité des positions au sein du mouvement révolutionnaire qui créé cette image. C’est l’atomisation en autant de chapelles qui se combattent plus qu’elles n’agissent de façon convergente. Ainsi le mouvement révolutionnaire apparaît comme se préoccupant d’abord de ses propres intérêts et il est très peu en position de peser sur les rapports de force du travail contre le capital. Au contraire, trop souvent les chapelles révolutionnaires sont facteurs de division des luttes.

Nous ne proposons pas une illusoire perspective de fusion de toutes les organisations révolutionnaires. Mais nous pensons que notre responsabilité est de favoriser les débats et les actions communes. Aussi dans les rencontres que nous aurons avec les différentes organisations, nous mettrons cet aspect en avant. Et nous insisterons sur le fait que l’unité se crée aussi dans la lutte. Avec les organisations avec lesquelles nous pourrions avancer sur ces questions, nous nous adresserons à l’ensemble des courants politiques révolutionnaires qui se revendiquent de la lutte des classes, pour leur proposer des temps ou des lieux de confrontation et d’action en soutien aux luttes de classes.