Internationalisme : Solidarité et soutien à la résistance du peuple ukrainien !
Depuis bientôt deux semaines l’armée russe a déclenché une guerre d’agression contre l’Ukraine indépendante. Qu’on ne s’y trompe pas ! Cette guerre n’est pas celle du peuple russe contre le peuple ukrainien. C’est la guerre privée de Poutine, menée d’abord pour satisfaire la vision impériale de ce dictateur. Au delà de la catastrophe que cette guerre impose au peuple ukrainien, le risque de déclenchement d’une 3ème guerre mondiale est bien réel.
Au cours des dernier mois, ni l’OTAN, ni les États-Unis, ni aucun pays occidental n’a posé quelque acte que ce soit qui aurait déclenché cette guerre. Cette guerre est la décision de Poutine. Il en a fixé lui-même l’ampleur et la temporalité. Après la destruction de plus de 70 bases militaires aériennes ukrainiennes qui lui assure un contrôle des airs, les forces militaires russes ont déclenché 6 attaques en parallèle, en particulier en direction des deux principales villes du pays, Kyiv la capitale et Kharkiv la grande ville russophone de l’est, qu’elles soumettent à des bombardements de moins en moins ciblés. L’armée russe a aussi un contrôle quasi total sur mer avec sa flotte stationnée en mer noire et en mer d’Azov.
Le rôle de Loukachenko, contesté en 2020 par un vaste mouvement de grève et de manifestations dans l’ensemble du Bélarus, est fondamental. Il doit son salut à Poutine. Pour cela il a pratiquement cédé la souveraineté de son pays à la Russie et vient de réformer la constitution du Bélarus pour autoriser l’armée russe à y installer des missiles nucléaires. Le Bélarus est une pièce maîtresse dans le dispositif d’invasion de l’Ukraine.
Pourtant l’armée russe se trouve confrontée à une résistance qu’elle n’attendait pas. À Kharkiv la résistance est farouche et la population n’accueille absolument pas les russes en libérateurs. Au Bélarus aussi, une résistance face à l’invasion de l’Ukraine commence à s’organiser et à agir. Et face à une telle situation, les internationalistes que nous sommes appellent évidemment à la solidarité avec le peuple ukrainien et à soutenir sa résistance, mais aussi celle des bélarusses.
Les buts de guerre de Poutine.
Il ne s’agit évidemment pas pour Poutine de protéger les populations civiles de Donetsk et de Lugansk, soumises en réalité à une occupation russe depuis 2014. Car c’est là précisément que l’armée russe concentre le moins son effort de guerre !
La dénazification de l’Ukraine invoquée n’est elle aussi qu’un prétexte. Évidemment il existe des groupes d’extrême droite en Ukraine et ils ont participé aux mobilisations de la place Maïdan et donc à la chute du gouvernement pro-russe du président Yanoukovitch. L’intervention russe en 2014 en Ukraine, qui s’est traduite par l’annexion de la Crimée et la guerre dans le Donbass, a été décidé non à cause de l’influence des groupes nazis, mais parce que l’Ukraine rompait son alignement sur Moscou.
La chute du gouvernement pro-russe a un temps renforcé l’extrême-droite ukrainienne, qui a obtenu des sièges au parlement et développé des unités paramilitaires. Les fascistes ukrainiens ont commis des atrocités contre les russophones et contre les membres des syndicats ukrainiens. Comme partout, les fascistes sont les ennemis des travailleuses et des travailleurs. Mais Zelensky a marginalisé l’extrême-droite et les nationalistes qui n’ont plus aujourd’hui qu’un seul élu à la Rada, le parlement ukrainien. Zelensky est un libéral pro-européen, dont le programme anti-social le rapproche d’un Macron, mais pas un nazi !
Par contre il faut rappeler que le parti de Vladimir Poutine, Yedinaya Rossia est jumelé avec le Rassemblement National en France et qu’il a financé la campagne de Marine Le Pen en 2017. Rappelons aussi que Marine Le Pen et Eric Zemmour sont les principaux propagandistes de la Russie dans la campagne présidentielle en cours. S’il y a bien des pays à dénazifier, on pourrait commencer par la Russie et la France !
Le but de cette guerre est uniquement de mettre l’Ukraine sous domination russe.
Et l’OTAN dans tout ça ?
La responsabilité de Poutine dans le déclenchement de cette guerre est entière, nous l’avons vu. Nous comprenons évidemment que des peuples en Europe centrale et orientale aspirent à ce que leur pays soit intégrés dans l’OTAN, une sorte d’assurance vie face à une Russie belliciste. Toutefois rappelons que cette alliance n’est que le bras armé de l’insatiable appétit des capitalistes occidentaux.
Rappelons qu’après l’écroulement du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS, l’OTAN s’était engagée en 1991 à ne pas intégrer les pays d’Europe centrale et orientale dans cette alliance anti soviétique. Pourtant la disparition de l’URSS privait l’OTAN de toute raison d’être. Ceci dit les USA se sont bien gardés de dissoudre cet outil de l’impérialisme états-unien.
Le non respect des engagements pris en 1991 a indubitablement contribué à la paranoïa de Poutine. Nous n’allons pas non plus récapituler ici les crimes de l’impérialisme américain et de ses alliés, au Viet-Nam, en ex-Yougoslavie, en Irak, en Libye … Cela montre bien combien nous n’avons rien à attendre de l’OTAN qui ne sera jamais la garante d’une politique de paix.
Quel soutien aujourd’hui ?
Bien que la population russe soit largement désinformée des manifestations significatives ont eu lieu dans de nombreuses villes, malgré une répression féroce et un arsenal judiciaire terrible. On compte après 10 jours de manifestations éparses plus de dix mille personnes emprisonnées qui risquent jusqu’à 15 ans de prison pour propagande antipatriotique. Le mouvement pour la paix prend néanmoins de l’ampleur en Russie. Les pétitions, dont l’une a déjà recueilli plus de 1 million de signatures, se multiplient.
La chute de Poutine permettrait un arrêt de cette sale guerre. Sa victoire serait par contre catastrophique et l’agresseur se trouverait alors conforté dans sa politique impérialiste et belliciste. La prochaine étape pourrait être définitivement une guerre mondiale si ses appétits se portaient sur « la défense des minorités russes » dans les pays Baltes. Une paix durable nécessite des sanctions internationales extrêmement fortes et réellement efficaces, un soutien à la résistance ukrainienne et un soutien aux oppositions russes et bélarusses.
La résistance déterminée et très généralisée de la population ukrainienne est la preuve de son refus d’être « libérée » par Poutine. La première évidence est celle d’un soutien « humanitaire ». Cette aide va s’organiser de plus en plus, en France comme ailleurs et sera la bienvenue. Nous devons la soutenir et y participer.
La résistance ukrainienne a besoin d’armes. C’est une des conditions pour que la résistance du peuple ukrainien ait les moyens de son combat pour ses droits et sa liberté. On ne s’affronte pas à l’armée russe à mains nues. Évidemment, nous sommes conscients que cela comporte le risque que ces armes tombent aussi entre de mauvaises mains. Par contre, notre combat doit aussi être celui contre toute intervention de troupes de l’OTAN en Ukraine. Car cela ouvrirait encore plus le risque d’une guerre mondiale, pouvant tourner à la guerre nucléaire.
Il y a un autre front, celui des sanctions économiques. Les états occidentaux ne mettent en œuvre que des sanctions modérées pour ne pas trop nuire aux intérêts des multinationales. Les sanctions économiques les plus lourdes pourraient provoquer une déstabilisation totale de l’économie russe aux lourdes conséquences pour la population. Il faut sans doute rechercher les mesures les plus rapides et donc les plus violentes mais qui touchent prioritairement les oligarques et les cercles du pouvoir. Confisquons immédiatement les villas et les palais des milliardaires russes pour y installer les réfugiés ukrainiens !
Notre responsabilité est enfin de nous mobiliser pour que soient mises en œuvre un isolement économique de la Russie, pour que les multinationales « françaises » soient obligées de lâcher leurs intérêts économiques en Russie, pour que l’achat de gaz russe cesse … Dans les cercles du pouvoir russe, certains commencent d’ailleurs à manifester quelques signes d’inquiétudes. Il faut accélérer ce mouvement, participer aux manifestations pour la paix en y défendant nos positions révolutionnaires, renforcer le soutien à la résistance ukrainienne et aux oppositions en Russie et au Bélarus.